Sécurité police Spécial Portugal à Neuchâtel

Hôte de l’équipe portugaise, Neuchâtel va tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité et la sérénité de Cristiano Ronaldo et de ses coéquipiers durant l’Euro. Un dispositif qui ne suscite aucune polémique… pour l’instant.

Présentées plusieurs fois par la presse locale, les mesures pensées par le commandant de la police de la ville confisquent pourtant une partie de l’espace public du centre de la cité aux citoyens.

Dès le début du mois de juin, la ville de Neuchâtel va vivre la fièvre de l’Eurofoot à l’aune des péripéties de l’équipe du Portugal, à qui elle a promis de garantir sécurité et tranquillité.

Au dernières nouvelles, une pelouse naturelle remplacera même le gazon artificielle du tout nouveau stade de la Maladière afin que les prestigieux hôtes puisse s’entraîner dans des conditions idéales.

Installée dans le très confortable hôtel Beau-Rivage, situé entre le lac et la place Pury, le cœur de la ville, la délégation portugaise pourrait en effet y rester une trentaine de jours en cas d’accession à la finale de la compétition.

«L’hôtel et toute la région se réjouissent de leur venue. L’Euro est un événement unique et nous sommes fiers d’y participer ainsi», annonce fièrement le directeur de l’hôtel neuchâtelois, Thomas Maechler, manifestement ravi de la tournure des événements.

Sécurité privée, sécurité publique

Reste que la venue de Cristiano Ronaldo et de ses coéquipiers ne va pas sans engendrer plusieurs «aménagements», en vue notamment d’assurer leur sécurité.

«L’UEFA assure la sécurité des joueurs dans les stades, lors des entraînements et dans les hôtels», assure à Nyon la porte-parole de la société EURO2008 (filiale de l’UEFA) organisatrice du rendez-vous.

«Dans ce but, nous allons mandater des entreprises actives dans cette branche mais, mis à part leurs noms, nous ne divulguerons aucune information à ce sujet, ajoute Pascale Vögeli. Les collectivités publiques sont, quant à elles, responsables de la sécurité… publique.»

Du côté des autorités neuchâteloises justement, on se veut un peu plus disert et surtout… plutôt rassurant. «Nous n’allons pas fermer le centre-ville durant trois semaines comme j’ai pu le lire ici ou là. Il n’y aura pas de black-out total et les mesures seront modulaires et adaptées aux déplacements ou aux besoins spécifiques de l’équipe du Portugal», affirme ainsi le conseiller communal en charge de la police, Antoine Grandjean.

«A la base, le dispositif sera minimal et je sais que les Neuchâtelois ont l’habitude des quelques désagréments relatifs à de grands événements tels que la Fête des vendanges ou Expo02 par exemple.»


Confiscation de l’espace public

Les autorités de Neuchâtel veulent croire à l’impact positif du rendez-vous footballistique du mois de juin pour leur cité. Des images de la ville vont être diffusées un peu partout en Europe et il n’est dès lors pas question de laisser la moindre place au hasard. Tout doit être pensé afin d’éviter des débordements et des retombées négatives.

«Le jeu en vaut la chandelle, mais nous sommes obligés de prendre toutes les mesures nécessaires même si l’emplacement de l’hôtel n’est pas optimal, reconnaît Antoine Grandjean. Les citoyens neuchâtelois sont prêts à l’accepter.»

Pour preuve, une seule et unique lettre de plainte est pour l’heure parvenue à ses services. Y aurait-il donc un consensus sans faille autour du phénomène Euro? «De manière générale, le sport est consensuel. Et l’économie du sport n’est pas remise en cause», estime le sociologue du sport du Centre international d’étude du sport (CIES) de Neuchâtel Christophe Jaccoud.

«De plus, il y a aujourd’hui une sorte de nécessité pour les villes d’être dynamiques et animées. La « festivalisation » d’une ville devient un indice de prospérité sociale et économique.»

Cet état de fait, associé aux besoins reconnus de sécurité, met une grande pression sur les citoyens. Ceux-ci se résignent donc à une confiscation ponctuelle de l’espace public.

Reste désormais à savoir quelle serait leur réaction si les footballeurs portugais décidaient de se rendre tous les jours en convoi spécial à la piscine municipale, obligeant du même coup les autorités à sécuriser leurs trajets et à évacuer les bassins durant quelques heures…

swissinfo, Mathias Froidevaux